La thérapie de couple

Le couple est certainement l’aventure la plus désirée de notre modernité mais c’est aussi la plus délicate à pérenniser. C’est dire à quel point la conjugalité confronte chaque partenaire à sa véritable nature puisque l’enjeu vise ici à s’articuler avec son alter-égo d’une manière suffisamment satisfaisante pour chacun. Entreprendre une thérapie de couple consiste à porter toute son attention sur le « plus un » de la relation conjugale, c'est-à-dire sur ses inévitables illusions et sur ses ineffables bonheurs générés par la mise en commun de deux histoires singulières. La thérapie de couple se veut une aide pour améliorer les relations conjugales lorsque celles-ci sont mises en péril et résoudre ces conflits interpersonnels.

a) Qu’est-ce que c’est ?
La thérapie de couple est une démarche répondant au désir de quitter une souffrance commune. Si tous les couples rencontrent un jour ou l’autre des difficultés, faut-il pour autant se séparer ? Rien n’est moins sûr… Généralement la vie, s’arrange, en particulier lorsqu’il est question de relations amoureuses, pour représenter des situations qui n’ont pas pu être traversé…
Les motifs de consultations sont variés : la gestion de l’argent, la jalousie, la belle-famille, l’arrivée d’un bébé, l’éducation des enfants, des blocages sexuels, l’infidélité, des disputes à répétitions, le manque de communication… Toutes ces raisons peuvent amener les individus à des mal-être, des impuissances ou des conflits violents alors même que le lien d’attachement est authentique. Chacune ou plusieurs de ces situations combinées font hésiter sur l’avenir à deux. Partant de là, il s’agit pour chacun de témoigner de ses valeurs, de ses limites, de ses désirs et d’être en capacité de se positionner au regard des choix de l’autre. Cela suppose que les partenaires parviennent a minima, d’une part à expliquer leurs frustrations personnelles et leurs problèmes et d’autre part à écouter ceux de leur conjoint. Le thérapeute est précisément là pour fluidifier les échanges et reformuler clairement les fondements des malentendus de la communication.

b) Ce que ce n’est pas !
J’estime qu’il convient de faire des distinctions importantes entre :
- d’une part une thérapie de couple et une thérapie sexuelle ou encore une sexothérapie et
- d’autre part une thérapie de couple et le conseil conjugal.
La thérapie sexuelle est exercée par un médecin spécialiste de la sexualité, un sexologue. Dans ce cas, le motif de la demande en thérapie repose sur des troubles sexuels qui ont une origine physiologique dominante, comme des changements hormonaux, par exemple la sécheresse vaginale, les effets secondaires d’un traitement médical par exemple certains troubles de l’érection ou encore des anorgasmies.
Le sexothérapeute a lui aussi suivi une formation en sexologie mais il n’est pas médecin, ce sont souvent des psychologues, par là même, eux ne prescrivent pas de médicament ou d’examen complémentaire.
Que ce soit un sexologue ou un sexothérapeute la prise en charge des troubles sexuels dont il est question ici ont souvent une double origine, à savoir un manque de connaissance ou un disfonctionnement de la sphère génitale d’un ou des deux partenaires et d’une mauvaise communication du couple fondée sur une éducation sexuelle insuffisante ou erronée.

De même, il ne faut pas confondre la thérapie de couple et le conseil conjugal. Le conseiller conjugal m’apparaît être dans une perspective de coaching, il apporte des outils de communication interpersonnelle pour par exemple gérer des difficultés de garde d’enfant, pour régler des problèmes d’intendance, pour le respect d’une procédure juridique.
Le thérapeute de couple lui, tente d’agir en profondeur afin de démêler la complexité des difficultés relationnelles. Il cherche à comprendre les histoires de chacun de telle manière à ce que de nouvelles bases soient trouvées entre les partenaires afin qu’ils redémarrent une relation plus saine.
En résumé, le thérapeute de couple est un soignant non-médecin qui n’a pas pour vocation d’être un arbitre, ni un magistrat, encore moins un magicien ou un sex-coach.

c) Comment se passe l’accompagnement que je propose.
Mon protocole de soin est proche du modèle des thérapies conjugales systémiques du service du Dr Alain Chabert du Centre Hospitalier Spécialisé de Bassens, où j’interviens régulièrement, modèle lui-même référencé aux conceptions et méthodes du Dr Philippe Caillé et Dr Robert Neuburger.
Dans cette optique, deux consultations d’accueil sont proposées avant de décider ensemble si l’accompagnement conjugal est possible. En fonction des situations, je peux proposer à un(e) collègue thérapeute le partage du suivi thérapeutique. Si c’est effectivement le cas, ce co-thérapeute participe aux consultations sans forcément intervenir directement dans les échanges. En revanche, je peux faire appel à lui en cours de consultation et par là même m’absenter quelques instants pour m’entretenir avec lui.
Ces premières séances me permettent de poser le cadre de la poursuite (ou pas) de l’accompagnement et à chacun des partenaires de présenter son point de vue, d’exposer pourquoi il souhaite entreprendre une thérapie pour lui et pour son couple.
Si le travail se poursuit, la fréquence des rencontres est d’environ une consultation par mois. Il consiste à alterner de manière équitable des consultations communes, d’autres individuelles, d’autres mixtes. J’indique à la fin de chaque consultation la forme de la rencontre suivante. Chaque consultation dure environ 1h15, elle aborde une thématique précise mais nous commençons souvent par une « météo intérieure » et/ou le recueil du vécu de la consultation précédente ou encore les évènements considérés comme importants pour le couple entre deux consultations.
En fonction du type de consultation, de la thématique abordée, je propose des jeux dramatiques (ou objets flottants) qui induisent une dimension expérientielle. Il est souhaitable que les partenaires s’impliquent dans ces invitations pour permettre à l’accompagnement de mieux fonctionner. Je peux également proposer des prescriptions individuelles et/ou communes qui consistent à expérimenter des comportements entre deux consultations. Il m’arrive aussi d’envoyer par mails des questions précises, parfois différentes, à chacun des partenaires. Les réponses sont toujours traitées en consultation, souvent ensemble, parfois séparément.
Chaque consultation est un moyen différent pour aider les conjoints dans l’observation de leur problème dans sa globalité, pour se faire une idée des valeurs partagées, pour comprendre une manière particulière de fonctionner ensemble et son impact sur le couple. Elles sont donc des occasions pour réinterroger le contrat amoureux qui lie les individus. Peut-être que la crise en question est une opportunité pour que le couple se redéfinisse, se réinvente, déjoue une impasse traumatique et ré envisage des projets communs et respectifs ?

Dans le jeu de miroir de la communication du couple, souvent les partenaires s’oublient et parfois se perdent. Mon travail consiste à proposer des points de repère qui permettent d’arrêter de croire que ce qui est bon pour soi est forcément bon pour l’autre. C’est par là même, pour chaque partenaire un travail de réflexion qui amène chacun à prendre conscience de sa propre responsabilité dans l’éprouvé de ses ressentis et de ses désirs en les faisant partager à l’autre avec tact.
L’accompagnement que je propose s’apparente à un processus de maturation qui vise à savoir se positionner autour du dilemme suivant. Vaut-il mieux continuer ensemble en assumant les insatisfactions que chacun a généré ou bien faire le pari douloureux de la séparation en vue d’être éventuellement mieux à terme personnellement et/ou familialement ?

d) La durée d’une thérapie de couple

Elle est évidemment difficile à évaluer. Parfois quelques consultations suffisent pour éclaircir des malentendus, pour prendre une décision, pour permettre aux individus de vraiment se reparler. D’autres fois, un grand nombre de rencontres est nécessaire avant de constater un changement constructif à long terme dans la communication.
Il va de soi qu’une thérapie donne des résultats satisfaisants dès lors que les conjoints s’accordent et s’impliquent sur des projets communs où chacun trouve pleinement sa place.
Il arrive aussi que le résultat des séances ne soit pas celui escompté et que la conclusion soit de mettre fin à la relation et à la thérapie. Celle-ci n’est pas pour autant forcément un échec dans la mesure où ce terme a été pensé ensemble.
En effet, même si souvent la thérapie de couple est envisagée comme un remède contre la rupture, elle n’a pas pour objectif d’éviter la séparation. Sa réelle perspective vise à trouver le vivre-ensemble le plus adapté pour le couple qui la suit. C’est ainsi qu’au fur et à mesure de l’accompagnement, l’un des conjoints peut par exemple se rendre compte que sa vie au quotidien ne lui convient plus. Aussi, même si la thérapie aboutit à une rupture, elle peut permettre au couple de se séparer à moindre mal, en évitant encore plus de malentendus, des haines entre les partenaires ou des déchirements dramatiques pour les enfants.
Je considère qu’une thérapie de couple ne doit pas durer des années. Mes accompagnements ne vont jamais au-delà de trois ans.