Un parcours riche, impliqué et cohérent

J'ai un parcours scolaire houleux qui a déterminé pour une part non négligeable les activités qui sont aujourd'hui les miennes. Ce n'est qu'à partir de mes études supérieures et par toutes mes pratiques corporelles que je vais enfin pouvoir m'épanouir.
Tout d'abord avec celles de psychomotricité (à l’école de Marseille) avec le professeur René Soulayrol et Marcel Rufo qui ont laissé en moi comme une trace initiatique... Probablement que derrière cette dimension se cache une certaine idéalisation, celle que l'on trouve au cœur même du vocable de ma profession, à savoir qu'il est composé de deux mots – psycho et motricité - où le tiret a disparu laissant penser que l'unité entre la psyché et le corps est rendue possible... précisément par la mise en mouvement.
Et effectivement, dès ces études terminées, les conditions sont réunies pour me lancer dans une quête identitaire qui s'est traduite par des conflits intenses mais féconds puisqu'ils allaient être le moteur de mes engagements à venir, à savoir : comment faire exister ce trait d'union... dans ma propre vie ? Je décide alors de faire du théâtre professionnellement et d'entreprendre une psychanalyse.


Ce que je retiens d'essentiel de mes études, c'est que la fonction psychomotrice est celle qui fait émerger le corps relationnel. Elle s'appuie sur le dialogue tonique nous permettant de nous positionner à la fois comme semblable et différent d'autrui par l'accordage corporel qu'il sous-tend. En jouant de l'alternance entre détente-plaisir-satisfaction et tension-frustration-limite, nous contribuons à une dynamique intégrative qui par sa dimension d'empathie a une valeur humanisante.
Parallèlement à mes écoles d'art dramatique, je travaille comme psychomotricien et je me forme à l'art et thérapie (à l’INECAT) sous la direction du docteur Jean-Pierre Klein. Dès que j'ai l'opportunité d'obtenir mes premiers cachets d'intermittent du spectacle, je ferme la porte de mes activités cliniques, j'ai alors seulement 5 ans d'expérience comme salarié (dans un CAMSP puis dans un foyer vie).
Je débute professionnellement par le théâtre pour enfants (les Trois Chardons) puis je continue en étant comédien dans deux compagnie (le Dal Théâtre et le Popul'art théâtre). Je rencontre Pierre Debauche et Françoise Danell, je suis admis dans leur classe internationale de mise en scène. Je crée ma compagnie (La Bande à Moebius) et je monte quelques spectacles.

Au cours de ce trajet, je découvre le clown de théâtre en particulier avec le Bataclown. Depuis ma perception du monde n'est plus la même ! Pourtant, le statut d'intermittent a raison de moi...
L'art dramatique m'a appris trois choses essentielles. La première est qu'avant d'être du spectacle, le théâtre est l'art de la relation, la seconde que la parole n'est pas le langage, la troisième... qu'il est passionnant et difficile de faire partager ces expériences fondatrices...
Je reprends donc des études en sciences de l'éducation (D E S S formation d'adultes, chef de projet) puis je suis engagé pendant 4 ans comme responsable de formation au GRETA (de la Défense, antenne Évariste Galois). Je travaille ensuite comme indépendant, ce qui va m'amener à faire de la formation de formateurs (dans l'enseignement agricole), des missions d'évaluation (des Aides Médico Psychologiques en alternance), du consulting (étude d'opportunité sur la création d'un centre ressource pour cérébrolésés, de la formation en ressource humaine). Enfin, je suis de nouveau recruté pour intervenir et mettre en place la filière d'éducateurs spécialisés (école des travailleurs sociaux d'Annecy).
Je décide finalement de revenir à la psychomotricité. J'ouvre mon premier cabinet en 2003 et me forme au Focusing avec Bernadette et Gérard Lamboy, docteurs en psychologie. En même temps, je commence à travailler comme formateur avec l'organisme Actif Formation où j’anime de nombreux stages pour travailleurs sociaux (gestion des conflits, Le jeu de clown, approche du handicap, l’épuisement professionnel…).


En 2008, je tente une dernière fois l'expérience de salarié dans un Foyer d'Accueil Médicalisé en y travaillant pendant 7 ans. Mais décidément, je suis difficilement compatible avec les institutions actuelles...
Durant ces mêmes années, je finalise une psychanalyse corporelle avec René et Agnès Chapus et entreprend une formation approfondie à la thérapie familiale systémique sous la direction du docteur Alain Chabert (CHS Bassens, ESA) terminée en 2013.
Avec la systémie, je découvre une épistémologie référencée qui me permet de comprendre la place et l'importance des paradoxes dans le travail de conscience, à les penser, les vivre et les accompagner sans cliver le monde. A titre d'exemple, je considère que dans mon secteur d'activité, on ne transmet bien que ce que l'on a vécu soit même, et qu'on enseigne bien souvent, ce que l'on a le plus besoin d'apprendre.
Désormais ma clinique tient surtout de l'accueil et de l'engagement que je suis en mesure de mettre en œuvre ! En tout état de cause, je fais le constat que ma recherche a besoin de liberté de penser et d'action et pour l'instant seul le paradigme de la complexité m'a permis de me la représenter dans une singularité qui tient plus de mon expérience et de mon regard que d'une vérité idéologique absolue ! Ce qui signifie qu’il est probable que je ne fasse plus un travail de rééducation psychomotrice bien que je reste proche de la médiation corporelle mais bien davantage un travail de thérapie avec les enfants et leurs familles.

En septembre 2012, j'ouvre mon nouveau cabinet, l'arrêt créations. Depuis, je cherche à intégrer, dans mes différentes activités, la richesse de ce parcours et à le mettre au service des individus et des familles. Ma préoccupation est autant éthique qu’esthétique, je considère le travail de conscience comme une maïeutique à sans arrêt perfectionner et ajuster dans un monde en perpétuelle transformation qui appelle, de la part de personnes comme des organisations, des réponses créatives, responsables et non dogmatiques.
Outre mon orientation systémique et ma spécialisation en thérapie psychomotrice, je m’intéresse de près depuis de nombreuses années à la méditation. Je suis membre de l’école occidentale de méditation (https://www.ecole-occidentale-meditation.com) et j’anime tous les lundis soir un groupe de Zazen (méditation assise) affilié à la pratique du Bouddhisme Zen Rinzaï japonais dont le représentant en France est le Centre de la Falaise Verte (http://falaiseverte.org/). Ma sensibilité au Bouddhisme est pleinement assumée. Il n’en reste pas moins que notre pratique ne s’apparente en aucune façon à une secte. Elle peut être pratiquée par toute personne, quelle que soit son appartenance religieuse, sociale ou philosophique. Notre méditation se veut avant tout simple, rigoureuse et laïque. Cette technique ne cultive aucune dépendance et n’est en aucune manière prosélyte. Bien au contraire, elle apprend à ceux qui la pratiquent de ne dépendre de personne et encourage le discernement. Elle développe un certain nombre d’attitude comme l’ouverture, le non-jugement, la confiance. Elle permet d’apprendre à ressentir plutôt que de mentaliser.


Que ce soit l’art, le soin et ou la formation, le cœur de compétence de ces trois domaines reste pour moi le même. Il consiste à retrouver, à renforcer et à développer la capacité à poétiser sa vie. En somme, je n’ai rien fait d’autre que travailler à jouer. Cette compétence ne se décline pas de la même manière mais elle repose sur le même apprentissage, à savoir reconnaitre que « je est un autre ». A ce titre, il m’apparait essentiel de rappeler que la vulnérabilité est au cœur de notre condition humaine et que c'est seulement si elle est reconnue et accueillie que nous transformons de manière constructive l'inévitable violence à laquelle chacun de nous est confrontée dans son rapport à l'autre.
Aujourd’hui, je considère que notre liberté d’agir est clairement menacée par une certaine intériorisation de normes véhiculées par une techno science consumériste et relayé par un modèle politique donnant la priorité à l’économie à court terme au détriment des lois élémentaires du vivre-ensemble à moyen et long terme. Aussi, j'ai la conviction qu'il est nécessaire de transformer de manière profonde nos modes de vie et de pensée. J'apporte par mes activités, ma recherche et mon énergie une pierre supplémentaire à ce projet d'élaboration d'une société qui permet une réciprocité mieux comprise de l’engagement individu-collectivité, le rééquilibrage des valeurs du masculin et de celles du féminin, le passage d’une logique du toujours plus à celle d’une frugalité heureuse, la transformation de l'état de spectateur passif à celui d'acteur responsable.

Mon parcours n'est pas fini, il ne fait que commencer !