Être... et surtout ne pas être psychothérapeute !


Une posture d'accompagnement spécifique et paradoxale


Mots clés :

Positionnement, corps relationnel, éthique du quotidien.

Résumé

Le mot et la fonction de psychothérapeute sont à mes yeux galvaudés. Comment avoir des repères fiables lorsque tout est organisé pour renforcer les troubles ? Sur quoi repose la singularité de mon positionnement clinique ?
Je développe et j’approfondis ici les fondements éthiques de ma pratique. Pour cela, je reviens sur le nouveau rapport au corps et à la parole que nous avons vu émerger ces 60 dernières années. C’est ainsi que l’on observe le passage du corps que l'on a, au corps vécu, puis au corps que l'on est.


La complexité de mon travail tient au fait que ces trois corps, bien que distincts, se sont construits ensemble au cours de notre développement, qu'ils s'actualisent simultanément en consultation et qu'ils définissent précisément pour chacun d'entre nous notre profil relationnel. De plus, toutes conduites de changement personnel reposent sur trois types d’apprentissage, informels, formels et techniques. En effet, une évolution dans une des catégories induit de fait une adaptation nouvelle dans les autres catégories.


Ma manière d’être psychothérapeute consiste à donner les moyens d’accès à ces trois types d’apprentissage. Mais si l’apprentissage est nécessaire, il n’est pas suffisant. En effet, je considère que le principal outil d’un clinicien s’est lui-même.
Corrélativement à ces constats, j’observe la montée en puissance des nombreux dispositifs d’accompagnement, de la naissance à la mort, le délitement du lien social et en même temps l’injonction de performance dans un monde de plus en plus absurde. Si bien que nous avons vu apparaitre une multitude de nouvelles pathologies, comme les addictions, la flambée des troubles dys…, les déficiences narcissiques, les violences adolescentes, l’épuisement professionnel, les crises du mitan de la vie…


On comprendra dès lors la nécessité pour un clinicien du champ psy de s'interroger sur les rapports entre le psychique, le systémique, la technologie et de clairement se positionner au regard d'une société de plus en plus psychotoxique. De fait, cela me demande de développer une solide éthique du quotidien qui permet autant aux patients qu’à moi même d’être en accord avec nos valeurs et nos convictions.
C’est ainsi qu’il me parait urgent de réhabiliter à l'échelle individuelle et collective des notions élémentaires comme des échanges coopératifs, l’exercice de sa propre pensée, la vulnérabilité, le renforcement de la conscience morale, la mise en valeur des dimensions conflictuelles de la vie et de ne plus faire un tabou de la mort.


L’ensemble de ce positionnement repose sur ce que j’appelle la posture relationnelle. Je la définis ici précisément puisqu’elle est associée à des considérations éthiques paradoxales qui s’inscrivent dans le cadre plus large de l’épistémologie systémique de la deuxième cybernétique.


Plan :

    • Pourquoi le titre de psychothérapeute est galvaudé
    • Un nouveau rapport au corps et à la parole
    • Les trois types d’apprentissages dans la conduite d’un changement
    • Une société d’accompagnement de plus en plus toxique
    • Ma posture relationnelle : une éthique du quotidien


Bibliographie sommaire

Bianciardi M : Il térapeutica ético, communication prononcée au congrès de l'EFTA 2010, Paris.
Chasseguet-Smirgel Janine : La maladie d'idéalité – Essai psychanalytique sur l'idéal du moi, édition L'harmattan, collection Émergences, 2000, Paris.
Ehrenberg Alain : La fatigue d'être soi, éditions Odile Jacob, 1998, Paris.
Lesage Benoit. Dialogue corporel et danse thérapie, Université Pierre et Marie Curie, document internet, pdf année 2003-2004.
Prieur Nicole : Psychologue et philosophe, citations extraite de son site.
Sibony Daniel : Violences Traversées, Seuil, 1998, Paris.
Tribolet Serge : L'abus de psy nuit à la santé, éditions cherche midi, 2006, Paris.
Von Foerster Heinz : Éthique et cybernétique de second ordre, revue, perspectives en thérapie familiale, Y Rey et B Prieur (sous la direction), Paris ESF.